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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/277

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aristocratique quelconque, etc., agit et ordonne « au nom de l’État ». Ils sont en possession de l’ « autorité » et il est complètement indifférent que ce soit le peuple, totalité des individus, ou les représentants de cette totalité, qu’ils soient plusieurs comme dans une aristocratie ou un comme dans la monarchie, qui exerceront l’autorité. Toujours la totalité est au-dessus des individus et a un pouvoir que l’on dit justifié, c’est-à-dire qui est le Droit.

En face de la Sainteté de l’État, l’individu n’est qu’un vase de déshonneur qui ne contient plus qu’arrogance, méchanceté, envie de railler et d’insulter, frivolité, etc. », aussitôt qu’il refuse de reconnaître le Saint des Saints, l’État. La morgue religieuse du serviteur de l’État et du sujet a des peines raffinées pour « l’arrogance » impie.

Quand le gouvernement signale comme punissable tout jeu de l’esprit contre l’État, les libéraux modérés apparaissent et disent : « Laissez mousser la fantaisie, la satire, la pointe, l’humour, etc., et que le génie jouisse de la liberté. » Ainsi ce n’est pas l’homme comme individu, mais le génie qui doit être libre. Alors, entièrement dans son droit, l’État ou, en son nom, le gouvernement prend la parole : Celui qui n’est pas pour moi est contre moi. La fantaisie, l’esprit, etc., bref tout ce qui tourne en ridicule l’essence même de l’État, voilà ce qui mine depuis longtemps la chose publique ; la raillerie n’est pas innocente. Allons plus loin, comment tracer la limite entre l’esprit innocent et l’esprit pernicieux ? Cette question met les modérés dans un grand embarras et tout se ramène à cette prière adressée à l’État de ne pas être si susceptible, si chatouilleux. Dans les choses « inoffensives », il n’a