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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/299

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avait d’une « justice », d’une « loi », devait céder devant la considération que les rapports des hommes entre eux sont des rapports de force.

La liberté grecque finit dans les chicanes et dans les intrigues. Pourquoi ? Parce que les gens du commun, bien moins encore qu’un héros de la pensée comme Socrate, pouvaient atteindre à ces conséquences. La chicane est-elle donc autre chose qu’un moyen d’exploiter une chose existante sans l’abolir ? Je pourrais ajouter : « à son propre profit », mais cela se trouve déjà dans le mot « exploiter ». De tels chicaneurs sont les théologiens qui ergotent et subtilisent sur la parole de Dieu ; qu’auraient-il à ergoter si la parole divine « établie » n’était pas ? De même pour ces libéraux qui se contentent de secouer et de retourner ce qui est établi. Tous ils sont des ergoteurs comme les chicaneurs de procédure. Socrate reconnut le droit, la loi ; les Grecs conservèrent continuellement l’autorité de la loi et du droit. S’ils voulaient dans cette reconnaissance faire prévaloir leurs intérêts, si chacun voulait affirmer les siens, ils devaient les chercher dans les détours de la procédure ou dans l’intrigue. Alcibiade, intrigant génial, inaugure la période de la « décadence » athénienne. Les Spartiates, Lysandre et d’autres, sont la preuve que l’intrigue était devenue générale en Grèce. Le droit grec sur lequel reposaient les États grecs devait, au sein de ces États, être faussé et miné par les égoïstes, et les États allèrent à la ruine afin que les individus devinssent libres, le peuple grec tomba parce que les individus se souciaient moins de ce peuple que d’eux-mêmes. En général, tous les États, constitutions, églises, etc. se sont effondrés dès que l’individu s’est montré ; car l’individu est l’ennemi irrécon-