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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/303

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un tiers qui fait de nous des sociétaires, et c’est précisément ce tiers qui constitue, qui crée la Société.

De même d’une société-prison, d’un compagnonnage de prison (ceux qui jouissent de la même prison). Ici le tiers est d’un contenu plus réel que le précédent, la salle qui n’avait qu’une signification purement locale. La prison ne signifie plus seulement un espace, mais un lieu ayant un rapport déterminé avec ceux qui l’occupent : car elle n’est prison que parce qu’elle est destinée aux prisonniers, autrement ce ne serait qu’un édifice quelconque. Qu’est-ce donc qui donne une empreinte générale à ceux qui y sont rassemblés ? Manifestement la prison, car ce n’est que par la prison qu’ils sont prisonniers. Qu’est-ce qui détermine leur mode d’existence dans la société-prison ? La prison ! Qu’est-ce qui détermine leurs relations ? La prison encore sans doute ? Certes, ils ne peuvent entrer en relations entre eux que comme prisonniers, c’est-à-dire autant seulement que les règlements de la prison l’autorisent ; mais qu’ils commercent d’eux-mêmes, entre eux, c’est ce que la prison ne peut faire, au contraire, elle doit constamment veiller à ce que des relations égoïstes, purement personnelles (et seulement comme telles, elles sont réellement relations de toi à moi) ne s’établissent. Que nous exécutions en commun un travail, que nous fassions ensemble manœuvrer une machine, la prison s’y prête bien volontiers ; mais que j’oublie que je suis un prisonnier et que je lie commerce avec toi qui l’oublies aussi : voilà qui met la prison en danger, il ne faut pas que cela se fasse, il ne faut pas que cela soit permis. Pour ces raisons, la Chambre française, animée des sentiments les plus moraux, a imaginé d’introduire le