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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/326

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qu’un transfuge. On doit avec son parti affronter tout, en approuver entièrement les principes et les défendre. À vrai dire, la situation n’est pas aussi mauvaise que dans une société fermée dont tous les membres sont enchaînés aux lois et statuts (par exemple, les ordres, la Société de Jésus, etc.), mais le parti cesse d’être une association dans l’instant même où il rend obligatoires certains principes et veut les savoir assurés contre les attaques, c’est à cet instant précis que naît le parti. Il est déjà comme parti une Société née, il est une association morte, une idée devenue fixe. En tant que parti de l’absolutisme, il ne peut vouloir que ses membres doutent de l’immuable vérité de son principe ; car ils ne pourraient nourrir ce doute que s’ils étaient assez égoïstes pour vouloir être encore quelque chose hors de leur parti, c’est-à-dire impartiaux. Ils ne peuvent être impartiaux comme hommes de parti, mais comme égoïstes. Si tu es protestant et appartient au parti protestant, tu ne peux que censurer le protestantisme, en tout cas le « purifier », non le rejeter ; si tu es chrétien et es classé parmi les hommes dans le parti chrétien, comme membre de ce parti, tu ne peux en sortir, à moins que ton égoïsme, c’est-à-dire ton impartialité t’y pousse. Quels efforts ont faits les chrétiens jusqu’à Hegel et les communistes pour renforcer leur parti ! Ils demeuraient convaincus que le christianisme devait contenir la vérité éternelle et qu’il fallait seulement l’en extraire, puis l’établir solidement et la justifier.

Bref le parti ne supporte pas l’impartialité et en lui apparaît bientôt l’égoïsme.

Mais que m’importe le parti ? J’en trouverai suffisamment qui s’uniront à moi, sans prêter serment à mon drapeau.