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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/337

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liens du sang, les liens nationaux, les liens d’humanité.

Les « nationalistes » d’aujourd’hui ont réveillé la lutte entre ceux qui ne croient avoir que du sang humain et des liens humains, et ceux qui se targuent d’avoir un sang spécial et des liens du sang spéciaux.

Sans considérer que l’orgueil puisse entraîner aux surestimations, prenons-en seulement conscience ; il y a une énorme différence entre l’orgueil « d’appartenir » à une nation, et ainsi d’être sa propriété, et l’orgueil d’appeler une nationalité sa propriété. La nationalité est propriété, mais la nation est ma propriétaire, ma souveraine. Si tu as la force corporelle, tu peux l’appliquer à l’endroit approprié, et tu as alors le sentiment personnel, l’orgueil de ta force ; si c’est au contraire la force corporelle qui te possède, ton corps qui te possède avec sa force, il te tracasse partout et au moment qui convient le moins : tu ne peux serrer la main à personne sans la lui broyer.

L’idée que l’on est plus qu’un membre de la famille, de la race, de la patrie, a finalement conduit à dire que l’on est plus que tout cela parce que l’on est homme ou : que l’homme est plus que le Juif, l’Allemand, etc. « C’est pourquoi chacun est entièrement et uniquement — homme ! » Ne dirait-on pas mieux : Comme nous sommes plus que la chose donnée, nous voulons être à la fois cette chose et ce « plus ». Ainsi, homme en même temps qu’Allemand ; homme en même temps que Guelfe. Les nationalistes ont raison, on ne peut nier sa nationalité ; et les humains ont raison, on ne doit pas en rester à l’étroitesse des nationalistes. La contradiction se résout dans l’unique ; la chose nationale est ma propriété. Mais moi, je ne disparais pas dans ma propriété, l’humain est aussi ma propriété, mais c’est