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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/362

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Ainsi, libre concurrence signifie seulement : tous sont pour l’État ses enfants qu’il aime également, et chacun peut faire tous les efforts possibles pour mériter les biens et avoir part aux faveurs de l’État. C’est pourquoi aussi tous font la chasse aux biens, à l’avoir, à la possession, à la chose (qu’il s’agisse d’argent, d’emplois ou de titres honorifiques).

Au sens bourgeois, chacun est « propriétaire ». D’où vient alors que la plupart n’ont quasiment rien ? Cela vient de ce que la plupart se réjouissent déjà à l’idée d’être propriétaires de quelques guenilles, comme des enfants, tout joyeux dès qu’on leur met la première culotte ou qu’on leur donne leurs premiers pfennigs. La chose s’explique plus exactement comme suit : le libéralisme est entré en lice avec la déclaration qu’il était de l’essence de l’homme d’être non pas propriété mais propriétaire. Comme il s’agissait de « l’homme » et non de « l’individu », la question du « combien » qui précisément constituait l’intérêt spécial de l’individu, était abandonné à celui-ci. L’égoïsme de l’individu conservait dans ce « combien » un champ d’action des plus vastes et menait une infatigable concurrence.

Pourtant l’égoïsme heureux devait venir se heurter à l’égoïsme moins favorisé, et celui-ci, se fondant toujours sur le principe d’humanité, posait la question du « combien » au sujet de la possession et répondait que « l’homme doit avoir autant qu’il a besoin ».