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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/367

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En concédant cela on ne fait que revenir à la formule : « À chacun selon ses moyens ! » Qui doit me donner suivant mes moyens ? La société ? Je devrais donc subir son estimation. Je préfère prendre suivant mes moyens.

« Tout appartient à tous ! » Cette proposition sort de la même théorie creuse. À chacun appartient seulement ce qu’il peut avoir. Si je dis : le monde m’appartient, ce n’est aussi que phraséologie vide qui n’a de sens qu’à la condition que je ne respecte aucune propriété étrangère. Mais je ne possède qu’autant que je peux ou qu’il est dans mes moyens.

On ne mérite pas d’avoir ce qu’on se laisse prendre par faiblesse, on ne mérite pas parce qu’on n’est pas capable.

On fait grand bruit de « l’injustice séculaire » commise par les riches contre les pauvres. Comme si les riches étaient responsables de la misère, comme si les pauvres n’étaient pas également responsables de la richesse ! Y a-t-il entre les uns et les autres une autre différence que celle qui existe entre les puissants et les impuissants ? En quoi consiste le crime des riches ? « Dans leur dureté de cœur ». Mais qui donc a entretenu les pauvres, qui a donc eu souci de les nourrir, quand ils ne pouvaient plus travailler, qui donc a distribué des aumônes, ces aumônes qui tirent leur nom de la compassion (eleemosyne) ? Les riches n’ont-ils pas été de tout temps « compatissants » ; n’ont-ils pas été jusqu’aujourd’hui « bienfaisants » comme le prouvent les taxes des pauvres, les hôpitaux, les fondations de toutes sortes, etc. ?

Mais tout cela ne vous suffit pas ! Il faut encore qu’ils partagent avec les pauvres, car vous exigez qu’ils