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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/369

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paisible : nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous possédons.

Mais l’organisation du travail a trait seulement à des travaux que d’autres peuvent faire pour nous, par exemple, combattre, labourer, etc. ; les autres travaux conservent leur caractère égoïstique parce que personne ne peut faire à ta place tes compositions musicales ou exécuter tes tableaux, etc. Personne ne pourrait nous restituer les travaux d’un Raphaël. Ce sont des œuvres d’un être unique, que seul cet être unique peut accomplir, tandis que les autres méritent d’être appelés « humaines » parce que l’individualité a peu d’importance et que l’on peut y dresser à peu près « tout homme ».

Comme aujourd’hui la société ne prend en considération que les travaux d’utilité commune ou travaux humains, il s’ensuit que celui qui exécute une chose unique reste privé de sa sollicitude, et même qu’il peut être gêné par son intervention. L’Unique arrivera bien à se dégager de la société, mais la société ne peut créer aucun Unique.

Par suite il est toujours utile que nous soyons d’accord sur les travaux humains afin qu’ils ne prétendent pas, comme dans la concurrence, absorber tout notre temps et toute notre peine. C’est seulement dans ce sens que le communisme portera ses fruits. Même ces choses dont tous les hommes sont ou peuvent être faits capables étaient, avant l’ère de la bourgeoisie, l’apanage de quelques-uns et interdites aux autres : c’était le privilège. Il sembla juste à la bourgeoisie de laisser en pleine liberté tout ce qui lui parut exister pour tout « homme ». Mais la chose étant libre ne fut donnée à personne, et fut plutôt laissée à la disposition de quiconque avec ses forces humaines pouvait s’en saisir.