Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Longtemps nous est épargné, le combat contre la Raison, qui doit plus tard nous causer tant de peines. Les plus belles années de l’enfance s’écoulent sans que nous ayons besoin de nous escrimer avec elle. Nous ne nous en soucions guère, nous n’avons aucun rapport avec elle, nous ne reconnaissons aucune raison. La persuasion n’a aucune prise sur nous, et nous sommes sourds aux bons arguments, aux principes, etc. ; au contraire, aux caresses, aux corrections et autres procédés analogues, nous résistons difficilement.

Cette âpre lutte avec la raison n’apparaît que plus tard et ouvre une nouvelle phase : pendant l’enfance nous nous agitons, sans guère nous préoccuper de la pensée.

L’esprit, c’est la première découverte de soi-même, la première tentative pour dépouiller de son caractère divin, le divin, c’est-à-dire, les apparitions sinistres, les fantômes, « les puissances supérieures ». Rien ne fait plus obstacle maintenant à notre frais sentiment de jeunesse, ce sentiment du moi : le monde est en discrédit car nous sommes au-dessus de lui, nous sommes Esprit.

Maintenant seulement nous voyons que nous n’avions pas jusqu’ici considéré le monde avec l’esprit, nous le regardions comme hypnotisés.

Nous exerçons nos premières forces contre les puissances naturelles. Nos parents nous en imposent comme puissances naturelles ; plus tard il faut abandonner père et mère, c’est-à-dire considérer comme brisées les puissances naturelles. Elles sont vaincues. Pour l’homme raisonnable et pour « l’intellectuel », il n’existe aucune famille comme puissance naturelle : il