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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/385

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défense ? cela dépend entièrement de l’idée que l’on se fait de l’« Être suprême », et celui qui craint Dieu par exemple a plus à défendre que celui qui craint l’homme (le libéral).

Ce qui différencie les biens spirituels des biens sensibles, c’est que dans les premiers nous ne pouvons subir qu’une offense spirituelle et le péché commis contre eux consiste dans une profanation directe, tandis qu’à l’égard des biens sensibles, il y a simplement soustraction ou aliénation : les biens mêmes perdent à la fois leur valeur et leur consécration, ils ne sont pas purement et simplement retirés, la chose sainte est en péril immédiat. Les mots « irrespect » ou « impudence » caractérisent tout ce que l’on peut commettre contre les biens spirituels, c’est-à-dire contre tout ce qui est sacré ; et railleries, insulte, mépris, doute, etc. ne sont que des nuances différentes de l’impudence criminelle.

Je ne m’arrêterai pas ici à parler des différentes sortes de profanation que l’on pratique et je préfère me borner à rappeler celles auxquelles une liberté illimitée de la presse expose la chose sainte.

Tant que l’on exigera du respect pour un être spirituel, la parole et la presse devront être, au nom de cet être sacré, asservies, car l’égoïste pourra toujours, dans ses expressions, lui « manquer », il trouvera du moins devant lui « de justes peines », à moins que l’on ne préfère employer de meilleurs moyens, des mesures de police préventive, la censure, etc.

Que signifie cette aspiration à la liberté de la presse ? De quoi donc la presse doit-elle être libre ? De la dépendance, de la sujétion, de la servitude. Mais c’est l’affaire d’un chacun de se délivrer, et l’on peut accepter