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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/392

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Qu’avez-vous maintenant à opposer à celui qui vous fait une réplique aussi effrontée ? — Montrons la question sous une forme plus parlante ; à qui est la presse, au peuple (à l’État), ou à moi ? Les politiques en ce qui les concerne n’ont pas autre chose en vue que de délivrer la presse des ingérences personnelles et arbitraires des détenteurs du pouvoir, sans penser que pour être réellement accessible à tous, elle doit être libre aussi des lois, c’est-à-dire de la volonté du peuple (de la volonté de l’État). Ils veulent faire d’elle une « cause du peuple ».

Mais, devenue propriété du peuple, elle est encore bien loin d’être mienne, elle conserve plutôt pour moi la signification secondaire d’une permission. Le peuple s’amuse à juger mes pensées dont je lui dois compte, dont je suis responsable envers lui. Les jurés quand on attaque leurs idées fixes ont des têtes et des cœurs aussi durs que les plus obstinés despotes et que les fonctionnaires qui leur servent de valets.

Dans les « aspirations libérales », E. Bauer affirme que la liberté de la presse est impossible dans l’État absolu ou constitutionnel, mais qu’elle trouve au contraire sa place « dans l’État libre ». Là, dit-il, on reconnaît que l’individu, parce qu’il n’est plus individu mais membre d’une communauté véritable et raisonnable, a le droit de s’exprimer. Ainsi ce n’est pas « l’individu » mais le « membre » qui a la liberté ! Mais si l’individu en vue d’obtenir la liberté de la presse doit justifier d’abord de sa foi à la communauté, au peuple, s’il n’a pas cette liberté par sa propre force, c’est une liberté du peuple, une liberté qui lui est conférée en raison de sa foi et de sa participation à la communauté. Au contraire, c’est précisément à l’individu comme individu