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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/42

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n’a que des idéals, idées ou pensées encore irréalisées.

C’est seulement quand on s’aime personnellement et que l’on a volupté à s’aimer soi-même comme la nature nous a faits — cela se produit à l’époque de la plénitude à l’âge d’homme — c’est seulement alors que l’on a un intérêt personnel ou égoïste, un intérêt qui ne voit pas seulement notre esprit, mais aspire à la satisfaction totale, à la satisfaction de l’individu tout entier, un intérêt propre.

Comparez un homme à un adolescent, ne vous apparaît-il pas plus dur, moins généreux, plus personnel ? Est-il pourtant plus mauvais ? Vous répondez : non, il est seulement devenu plus positif, ou, comme vous dites vous-mêmes « plus pratique ». Le point essentiel est qu’il se prend plus comme point central que le jeune homme qui « s’exalte » pour d’autres choses fait comme Dieu, Patrie, etc.

Ainsi l’homme fait nous montre une deuxième découverte du moi. Le jeune homme s’est découvert comme esprit et s’est perdu de nouveau dans l’esprit universel, dans le parfait, le saint esprit, l’homme, l’humanité, bref, tous les idéals ; l’homme fait se retrouve comme esprit corporel.

Les enfants n’avaient que des intérêts non spirituels, c’est-à-dire dénués de pensée, d’idée, les jeunes hommes n’avaient que des intérêts spirituels ; l’homme a des intérêts corporels, personnels, égoïstes.

Si l’enfant n’a pas un objet qui puisse l’occuper, il s’ennuie, car il ne sait pas encore s’occuper de soi. Inversement, le jeune homme jette de côté l’objet, parce que des pensées lui sont venues de l’objet : il s’occupe de ses pensées, de ses rêves il s’occupe spirituellement, ou bien « son esprit est occupé ».