Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais avec nous. Mon égoïsme a intérêt à libérer le monde, afin qu’il devienne ma propriété.

Ce n’est pas l’isolement ou la solitude qui est l’état primitif des hommes, mais la société. Notre existence commence par l’union la plus intime, car nous vivons unis à la mère, avant même que nous respirions ; puis quand nous voyons la lumière, nous nous retrouvons dans les bras d’un être humain qui nous berce sur son sein, nous tient en lisière et nous enchaîne à sa personne par mille liens. La société est notre état naturel, c’est pourquoi plus nous apprenons à nous sentir, plus le lien précédent, si intime, devient lâche, et la dissolution de la société originelle apparaît indéniable. Cet enfant qu’elle portait naguère dans ses entrailles, il faut que la mère aille le chercher dans la rue parmi ses petits compagnons pour l’avoir de nouveau à elle. L’enfant préfère le commerce de ses égaux à celui de la société, dans laquelle il n’est pas entré, dans laquelle il est seulement né.

La dissolution de la société est le commerce ou association. Certes la Société naît aussi de l’association mais seulement comme une idée fixe naît de la pensée, quand de la pensée a disparu l’énergie, l’action même de penser, cette incessante reprise de toutes les idées qui se fixent. Quand une association s’est cristallisée en Société, elle a cessé d’être, car une réunion est le fait incessant de se réunir ; elle est devenue une assemblée, elle est arrivée à l’état stationnaire, elle a dégénéré en fixité, elle est morte comme association, elle en est le cadavre, c’est-à-dire qu’elle est Société ou communauté. Le parti en fournit un exemple parlant.

Qu’une société, la Société-État par exemple me restreigne ma liberté, voilà qui me révolte peu. Si pour-