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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/437

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enfant s’il avait vécu ! La mère le tua parce qu’elle voulait mourir satisfaite et tranquillisée. Ce cas ne répond peut-être pas à votre sentimentalité et vous ne voyez pas l’enseignement à en tirer. Tant pis ; quant à moi, j’y apprends que c’est ma satisfaction qui décide de mes rapports avec les hommes et que ce n’est pas une crise passagère d’humilité qui fait que je renonce à mon pouvoir sur la vie et la mort.

En ce qui concerne « les devoirs sociaux » un autre ne peut m’assigner ma position parmi les autres ; ni Dieu, ni l’humanité ne me prescrit mes rapports avec les hommes, mais c’est moi-même qui me donne ma place. Plus explicitement : je n’ai envers autrui aucun devoir, de même que je n’ai envers moi un devoir (par exemple celui de la conservation personnelle, qui entraîne l’interdiction du suicide) que tant que je me distingue de moi (que je sépare mon âme immortelle de mon être terrestre, etc.).

Je ne m’humilie plus devant aucune puissance et reconnais que toutes les puissances ne sont que mes puissances qu’il me faut soumettre aussitôt qu’elles menacent de s’exercer contre ou sur moi, chacune d’elles ne peut être qu’un de mes moyens de réussir, comme un chien de chasse est notre pouvoir contre le gibier, mais nous le tuons s’il s’attaque à nous. Toutes les puissances qui me dominent, je les rabaisse à me servir. Les idoles n’existent pas pour moi : il suffit que je ne les recrée pas pour qu’elles ne soient plus ; « des puissances supérieures » n’existent que parce que je les élève et me place plus bas qu’elles.

En conséquence voici quel est mon rapport avec le monde : Je ne fais plus rien pour lui « pour l’amour de Dieu », mais ce que je fais, je le fais « pour l’amour