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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/480

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bien », voilà la pierre de touche, le criterium. Le bien, revenant sous des milliers de noms et de formes, est toujours resté l’hypothèse, le point dogmatique solide sur lequel s’appuie cette critique ; il est l’idée fixe.

Tranquillement, le critique en se mettant au travail suppose la « vérité » et ayant pour croyance qu’il faut la trouver, il la cherche. Il veut découvrir le vrai et voilà précisément ce qui pour lui est « le bien ».

Supposer ne signifie pas autre chose que poser par avance une pensée, ou penser une chose antérieurement à toute autre, et de cette chose pensée, tirer le reste, c’est-à-dire y rapporter tout, en faire un criterium. En d’autres termes, ceci veut dire simplement que la pensée doit commencer par une chose pensée. Si l’action de penser commençait au lieu d’être commencée, elle serait un sujet, une personnalité propre, agissante comme est déjà la plante, il n’y aurait pas à nier que la pensée ne dût commencer par soi-même. Seulement la personnification de la pensée fait apparaître une infinité d’erreurs. Dans le système hégélien, on parle toujours comme si la pensée ou l’« esprit pensant » pensait et agissait, c’est-à-dire la pensée personnifiée, la pensée fantôme ; dans le libéralisme critique on dit à tout instant : « La critique » fait ceci et cela, ou encore « la conscience personnelle » trouve ceci et cela. Mais si la pensée passe pour agir personnellement, la pensée doit être elle-même supposée, si c’est la critique une idée doit être pareillement l’hypothèse. Pensée et critique ne pourraient tirer leur activité que d’elles-mêmes, devraient même en être la condition première, car sans être, elles ne pourraient être actives. Mais la pensée, comme chose supposée,