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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/49

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Avec Socrate commence l’examen du cœur, tout ce qu’il contient est passé au crible. Dans leur dernier et suprême effort les anciens expulsèrent du cœur tout ce qui en faisait la substance ; ils ne voulurent plus qu’il battît pour quelque chose : ce fut le fait des sceptiques. Les sceptiques atteignirent pour le cœur à cette même pureté que les sophistes avaient donnée à l’intelligence.

L’éducation sophistique a fait que l’intelligence ne reste plus tranquille devant rien, l’éducation sceptique a fait que le cœur n’est plus ému par rien.

Tant que l’homme est impliqué dans l’activité universelle et pris dans les relations du monde — et il l’est jusqu’à la fin de l’antiquité, parce que son cœur a encore à lutter pour s’affranchir du temporel, — il ne peut être esprit ; car l’esprit est incorporel et n’a aucun rapport avec le monde et sa matérialité. Pour lui n’existent ni le monde ni les liens naturels, mais seulement le spirituel et les liens spirituels. C’est pourquoi, avant qu’il pût se sentir en dehors du monde c’est-à-dire comme esprit, il fallait d’abord que l’homme se dégageât de tout souci, de toute considération et devînt aussi totalement détaché des rapports de la vie que le représente l’éducation sceptique, si parfaitement indifférent au monde, qu’il restât impavide sous son écroulement. Et c’est là le résultat du travail gigantesque des anciens que l’homme se connaisse comme un être sans liens avec le monde, — hors du monde, — comme esprit.

Maintenant seulement dégagé de tout soin terrestre, il est à lui-même tout dans tout, il n’est que pour lui-même, c’est-à-dire, il est esprit pour l’esprit, ou plus précisément : il ne se préoccupe que de l’esprit.

Dans la prudence du serpent et l’innocence de la