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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/495

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III


L’UNIQUE


Les temps préchrétiens et chrétiens poursuivent des buts opposés : ceux-ci veulent idéaliser le réel, ceux-là réaliser l’idéal, ceux-ci cherchent le Saint-Esprit, ceux-là « la glorification du corps ». Par suite l’un conclut à l’insensibilité en face du réel, « au mépris du monde », l’autre finit par le rejet de l’idéal et « le mépris de l’esprit ».

L’opposition du réel et de l’idéal est irréductible et l’un ne peut jamais devenir l’autre : si l’idéal devenait le réel, ce ne serait plus l’idéal, et si le réel devenait l’idéal, il n’y aurait que l’idéal, mais le réel n’existerait en aucune façon. L’opposition des deux ne peut être vaincue que si l’« on » anéantit les deux, c’est seulement dans cet « on », dans ce « tiers », que l’opposition trouve sa fin ; autrement l’idée et la réalité ne se recouvrent jamais. L’idée ne peut être réalisée de telle sorte qu’elle reste idée, elle ne se réalise que lorsqu’elle meurt comme idée, et l’on a affaire alors à du réel.

Nous voyons donc les anciens comme des adeptes de