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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/58

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lui sans qu’il fût conscient ou « qu’il eût conscience de soi ». Le cœur critique tout ce qui le veut pénétrer, impitoyablement, à mort, et n’est capable d’aucune amitié, d’aucune affection (sauf inconsciemment ou par surprise). D’ailleurs qu’y aurait-il à aimer parmi les hommes, quand tous sont égoïstes, qu’aucun n’est homme dans le sens du mot, c’est-à-dire qu’aucun n’est exclusivement esprit ? Le chrétien n’aime que l’esprit. Mais où en trouver un qui ne serait véritablement qu’esprit.

Aimer l’homme en chair et en os, ne serait plus cordialité « spirituelle » ce serait une trahison à la cordialité « pure », à « l’intérêt théorique ». Car il ne faut pas s’imaginer que la pure cordialité soit seulement cette aimable disposition qui vous fait serrer la main à tout le monde. La pure cordialité n’est cordiale envers personne, elle est seulement une sympathie théorique, un intérêt que l’on porte à l’homme en tant qu’homme et non pris comme personne. La personne lui est antipathique parce qu’elle est « égoïste », parce qu’elle n’est pas l’homme, cette idée. Mais c’est seulement pour l’idée qu’il y a un intérêt théorique. Pour la pure cordialité ou la pure théorie, les hommes n’existent que pour être critiqués, honnis et foncièrement méprisés. Pour elle, comme pour le prêtre fanatique, ils ne sont rien qu’immondices et autres choses du même goût.

Ayant atteint cette pointe extrême de la cordialité qui n’a d’intérêt pour rien, nous devons apprendre finalement que l’esprit qui est l’objet unique de l’amour du chrétien, n’est rien ou que l’esprit est un mensonge.

Tout ceci présenté brièvement et quelque peu incom-