Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se dispenser de ce service et après qu’ils eurent fait des efforts surhumains pour s’en affranchir, à leur dernier soupir, le Dieu « vainqueur du monde » naquit. Toute leur action n’avait pas été autre chose que « philosophie », effort pour découvrir le monde et le dépasser. Et qu’est-ce que la sagesse des nombreux siècles qui suivent ? Qu’est-ce que les modernes ont cherché à découvrir ? Non plus le monde, les anciens l’avaient déjà fait, mais Dieu que les anciens leur avaient légué, Dieu « qui est esprit », qui est tout, et enfin tout ce qui appartient à l’esprit, toute spiritualité. Mais cette activité de l’esprit « qui sonde même les profondeurs de Dieu », c’est la théologie. Ainsi les anciens n’ont rien de plus à nous montrer que la philosophie, les modernes ne vont pas plus loin que la théologie. Nous verrons plus tard que même les révoltes les plus récentes contre Dieu ne sont rien que les efforts extrêmes de la théologie, c’est-à-dire des insurrections théologiques.


§ 1er. — L’Esprit.


Le royaume des esprits est immense, l’immatériel est infini. Voyons donc ce qu’est en réalité l’esprit, cet héritage des anciens.

Il est sorti des douleurs de leur enfantement, mais eux-mêmes n’ont pu s’exprimer comme esprits : ils purent l’engendrer, lui seul devait parler. Le « Dieu né, le Fils de l’homme » prononce le premier cette parole, que lui Dieu, n’a rien à faire avec ce qui vient de la terre, avec les rapports terrestres, et connaît exclusivement l’esprit et les rapports spirituels.

Mon courage, que les coups du monde ne peuvent