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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/124

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prêche en une langue perdue. Je ne suis pas un érudit, pour me contenter de déchiffrer un texte, où il n’y a pas un mot pour mon âme. Chose terrible que d’aimer, et sans merci : car la mort est au bout.

Moi. — Jean Talbot, Jean Talbot, noble être, quelle ruine ta ruine a faite !

Lui. — Appelez-le. Que n’avez-vous la voix de Celui qui rend la vie à l’ombre qu’il évoque.

Moi. — Mettez-vous donc toute votre force dans l’amertume ? Ah ! je la sens qui me gagne ; je sais ce qui la cause.

Lui. — L’implacable douleur qui brise, qui réduit tout en miettes et qui dévore.

Moi. — Il repose, toutefois. Il nous conseille le repos qui doit, inéluctablement, être le nôtre.

Lui. — Il haïssait le repos. Il était tout action.