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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/191

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Ceux qui passent


Au crépuscule.


J’ai été dans le village d’hiver, à l’heure où l’été même se recueille et cherche la pensée du jour sur le miroir du silence. J’allais, comme je fais désormais, sans dessein, sans désir, marchant comme l’herbe pousse, parce qu’il le faut enfin, et que le pas brutal du temps me talonne. Ainsi lassé, blessé de la tête aux pieds, j’allais par le village vêtu d’ombre, au bord du fleuve.

Je m’étais cru, jadis, le plus solitaire