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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/201

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Rêve de l’unique consolation


Il neige dans la nuit. La neige tombe sur la mer. Une immense désolation aggrave les pesantes ténèbres. La forêt funéraire du ciel noir secoue sur les flots noirs ses feuilles blêmes. Il neige sur la rade obscure. Les quais sont déserts. Mais, comme au temps d’une guerre, dans l’avant-port, contre le môle, de longs bateaux en partance, un à un, larguent leurs amarres. On entend le cœur des hélices qui bat, et le souffle de la machine. La fumée s’élève à la rencontre des flocons