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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/22

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père, homme d’une beauté admirable et d’un cœur, pour tous ceux qui le pratiquèrent, inépuisable en ses dons. Une maladie terrible n’en avait pas altéré la douceur, ni même les restes d’allégresse au bout de dix ans. Un père déchiré, une maison qui périclite ; un foyer qui tombe en ruines, les soucis de la gêne, et l’étreinte bien plus pressante d’une humeur indomptable, d’un orgueil qui se fait tout refuser, par dégoût de demander rien : ce fut l’école de ce jeune homme. Cependant il avait un frère de son âge, qui fut la lumière de sa vie. Jean Talbot était marin. C’est par lui que François apprit la guerre et le monde. C’est par son frère, que Jean Talbot fut instruit dans l’art et les forces de la nature. On ne peut être plus intime : il semblait que le cœur de l’un ne consentît à goûter la joie que dans le