Aller au contenu

Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Doucement, doucement. Mets ton bras sur mon cou, sur mes épaules. Je te porterai bien. Pèse de tout ton poids ; je te soutiens. Serre-moi la nuque.

Doucement.


Ô Seigneur, il s’évanouit. Hélas, comme il souffre. De la blessure rouverte, le sang qui le lie à la terre ne veut pas rompre le lien de ce mourant à son pauvre mort. D’un or plus rouge que le couchant, il illumine la route.

Enfant, prends le voile de soie dans la besace, le beau linge blanc que j’ai fait broder à la ville, pour le dédier au Seigneur. Donne : place-le sur la plaie : étanche, étanche la blessure.

Puisque telle est sa souffrance, en dépit qu’il est mort, que ce voile soit le linceul de ton cœur, mon frère. Entre