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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/248

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m’abuser. Qui perd la vie, il ne le console pas en lui montrant la vie universelle ; et il ne propose pas la joie des fleurs, qui naissent de la terre fraîchement remuée, à qui pleure son amour sur une tombe.

Ce grand nihiliste de Pascal, si puissant à nier… Il a vu le néant de la farce tragique, de la scène où elle se joue, de la salle qui est le temps, et de toute l’assemblée qui est l’histoire et la société des hommes. Il a suivi jusqu’au bout le néant de la pièce bouffonne et la conclusion sanglante. De cette vue, il a laissé tomber sur le public, sur les acteurs et toute la comédie, un regard lourd de toute la misère humaine. Il a trop grand cœur : de là qu’il ne doute pas, il nie. Nier n’est pas douter. Avec plus d’esprit, on ne va pas si loin. Jamais grand cœur ne