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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/252

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prière l’abrège ; l’épreuve en est salutaire. Enfin, la vraie vie est au bout. Je sais, quand Pascal fait son ménage et couche un pauvre dans son lit, qu’il prend leçon du néant. Ô dieu, que n’en ai-je besoin comme lui ? — S’abêtir, pour être ; et non pour être une bête, mais pour cesser en soi, et naître à la vie. J’en suis jaloux : il n’est presque plus ; et dès lors, il n’est pas rebelle. Qui nie tout, est bien près de tout accepter. La philosophie ne vaut pas un quart d’heure de peine, — je dis la révolte. Ce sont de minces rebelles, qui font tant de bruit dans la cité : Reste l’univers à détruire. L’ordre du monde ne vaut pas la peine qu’on le change. À quoi bon ? Il faudrait qu’il y eût là une apparence de solidité, quelque raison, un semblant d’être. Théoriser là dessus, ô comble de niaiserie.