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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/36

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la masse atroce de l’accident au dessus de cette chère tête, et ne l’ont pas épargnée. Un court chemin, c’est le mien désormais, et tout l’horizon de ma vie, entre deux tombes.

Du Nord, où le ciel de brumaire aux lèvres blêmes parle encore, d’une haleine si amère, tout bas, aux trépassés, je suis venu dans ce pays de fête. Jamais il ne parut plus riche de vie qu’en ces jours, où se revirent un mourant et son pauvre mort.

Penché sur lui, j’épiais une étincelle, un reste de cette vie éclatante : ce n’en était plus que l’ombre souffrante et terrible. Plus rien que ce comble d’horreur : une éternelle indifférence. Un même nombre, et déjà la somme est si différente, que le calcul n’a plus de sens, et que la raison s’y perd. Voici que le nombre sacré