Aller au contenu

Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la sienne. Il croyait à la justice, en juste qu’il était. Il savait qu’on fonde le juste et le vrai en s’y donnant. « Il nous faut aimer le juste, et n’y pas croire », disait-il. « La justice finira par naître de nous, à force de la porter en nous. — Vais-je chercher le juste dans la vie ? lui disais-je. — Non, sans doute, me répondait-il ; sinon en nous, il n’y a pas de justice, soit ; mais là, qu’elle est sûre, qu’elle est grande… »

Jamais il ne séparait l’homme, si grand fût-il ou si bas, du genre humain ; il y avait ses foyers. De là, ce goût qui le portait à parcourir le monde, à chercher dans tous les peuples, dans toutes les races, dans la flore des coutumes et des mœurs tout ce qu’elles ont de bon à respirer ; il avait ses préférences, comme le veut la nature ; mais, comme il convient