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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/82

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partout, pénétrante et cruelle. La senteur des feuilles mortes se mêlait à l’ether flottant des pommes pourries. Il faisait doux marcher dans cette ville. À mesure que j’avançais, pourtant, j’étais plus accablé de fatigue.

J’allais par les hauts quartiers, à ce qu’il me semble. J’avais tourné le dos à ma rue déserte, pour d’autres rues pleines de gens. La foule, partout ; le va et vient des fourmis. Foule dans les places bordées de maisons grises ; foule, le long des ruelles ; la foule en tous sens. Et je m’étonnais que toutes ces rues fussent si étroites. Quoi ? pas une large avenue ? pas un boulevard planté d’arbres ? On étouffe par des rues si longues, pressées de si près par les côtes des murs, et presque toutes tortueuses.

Que l’air était lourd, en dépit de l’au-