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Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 5,1851.djvu/149

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enfant ni moi, nous n’avons mangé ; il y a longtemps que le chagrin et les plus dures privations ont tari mon sein, il y a longtemps aussi que j’ai engagé au Mont-de-Piété ma dernière robe et ma dernière chemise ; je ne puis supporter davantage la honte et le remords de lasser la charité de mes voisines, presque aussi misérables que moi, mais qui ont ce que je n’ai pas, l’habitude de la détresse.

« Ce soir, pour me procurer du charbon sans éveiller les soupçons, j’ai dit à une marchande de la maison, — je ne mentais pas hélas ! — que mon enfant mourait de faim et de froid, et qu’elle le sauverait en me donnant un peu de charbon et de lait. J’ai obtenu ainsi ce qu’il me fallait.