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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/568

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son notaire ; j’enverrai cette adresse à mon père, et, avant quinze jours, je serai en possession de mon demi-million.

Au moment où Maurice passe devant la loge du concierge, celui-ci lui remet une circulaire ainsi conçue :

« Madame veuve San-Privato a l’honneur de vous faire part du mariage de son fils, M. Albert San-Privato, premier secrétaire de l’ambassade de Naples, chevalier de l’ordre, etc., avec mademoiselle Jeane Dumirail. »


XXIV

Cinq années environ se sont écoulées depuis la séparation de Maurice et de son père, époque à laquelle Jeane Dumirail a épousé Albert San-Privato. La scène suivante se passe à Paris chez maître Thibaut, notaire de madame de Hansfeld, lequel avait été autrefois désigné par Maurice à son père comme le fondé de pouvoir entre les mains de qui devait être déposé le montant de la succession de madame Dumirail ; ce notaire est aussi depuis longtemps chargé de la gestion des affaires de M. Richard d’Otremont, et tous deux s’entretiennent, ce jour-là, au coin d’un foyer pétillant, car la froidure de janvier se fait vivement sentir. Le cabinet où a lieu cet entretien est meublé avec un luxe sévère : une caisse de fer, dite de sûreté, est placée dans un coin de cette vaste pièce ; une porte à deux battants communique à un salon, et une autre petite porte de dégagement ouvre sur un corridor conduisant à l’étude. Maître Thibaut, homme de soixante ans, a le regard fin, le sourire railleur ; sa physionomie joviale révèle son inaltérable bonne humeur. Richard d’Otremont va bientôt atteindre sa quarantième année ; il a conservé les dehors et les manières d’un homme de la meilleure compagnie.

— Ainsi, cher monsieur Thibaut, — disait M. d’Otremont d’un air pensif, — afin de clairement résumer l’espèce de consultation judiciaire que vous venez de me donner de si bonne grâce, un