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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/101

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La fille d’honneur suivit les instructions de la reine ; mais l’entretien de celle-ci avec M. de Plouernel se prolongeant, elle écrivit un billet à Anna-Bell pour l’engager à partir sans la revoir ; et vers une heure du matin, la fille d’honneur, montée dans l’une des litières de Catherine de Médicis, quitta l’abbaye de Saint-Séverin.


Le soleil se lève ; ses premiers rayons éclairent la cime d’une forêt située à environ une lieue de Saint-Yrieix, gros bourg servant de centre au campement de l’armée protestante. Une chapelle, autrefois dédiée à saint Hubert par un seigneur, forcené chasseur, s’élève aux confins de ces grands bois ; leur lisière est gardée par des vedettes à cheval, postées de loin en loin. Cette chapelle a été dévastée pendant les guerres religieuses ; les clochetons, les chapiteaux, les nervures de son portail, sont brisés, ses vitraux défoncés ; la statue de saint Hubert, patron des veneurs, gît décapitée au milieu des décombres, ainsi que celle du seigneur fondateur de ce saint lieu, choisi par lui pour sa sépulture ; les fragments de son image de marbre, où il figurait couché, les mains jointes, son cor de chasse en sautoir, son lévrier favori étendu à ses pieds, sont dispersés près de l’ouverture du caveau funéraire, ouvert et en ruines. L’intérieur de la chapelle sert d’écurie et de corps de garde à un piquet de partisans huguenots placés là en grand-garde ; leurs chevaux, sellés et bridés, sont alignés dans l’un des bas-côtés de la nef, de chaque côté d’une porte communiquant à l’ancienne sacristie ; et, à défaut de fourrage, ils mangent les feuilles de plusieurs fascines de branchages verts placées à leurs pieds. Les cavaliers, debout, assis ou couchés, enveloppés dans leurs manteaux, ne sont pas uniformément vêtus ; leurs armes défensives et offensives, quoique disparates ou rouillées, sont en bon état. Ces partisans volontaires ont pris le nom de Vengeurs d’Israël ; Joséphin le franc-taupin les commande ; les catholi-