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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/133

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en l’amour et la crainte de Dieu ; qu’ils continuent leurs études jusqu’à l’âge de quinze ans sans interruption ; j’estime ce temps-là mieux employé que de les envoyer dans une cour ou à la suite de quelque seigneur. Surtout je prie leurs tuteurs de ne jamais leur laisser hanter mauvaise ou vicieuse compagnie, nous sommes trop enclins à mal par notre nature même ; je prie que ceci soit souvent rappelé à mes enfants, afin qu’ils sachent bien que telle est mon intention, telle que je la leur ai plusieurs fois déclarée moi-même.

» Je prie que mes enfants soient élevés avec ceux de mon frère Dandelot, ainsi qu’il l’a désiré lui-même par son testament ; que les uns et les autres prennent exemple de la bonne et fraternelle amitié qui a toujours existé entre mon frère et moi… »

Au souvenir de la mort affreuse de ce frère si aimé, de ce vaillant soldat, compagnon de tant de batailles, de cet ami consolateur de tant de jours d’épreuves, l’amiral laisse tomber sa plume, couvre son visage de ses deux mains et ne peut contenir ses sanglots ; enfin, dominant les ressentiments de son incurable chagrin, il poursuit ainsi :

« — Aimant tous mes enfants également, j’entends que chacun d’eux recueille en ma succession ce que leur accordent les coutumes du pays où sont situés mes biens (si la confiscation qui les frappe doit cesser) ; je prie que les joyaux appartenant à feu ma femme soient également départis à mes deux filles.

» Je désire que mon fils aîné porte le nom de Châtillon ; Gaspard, mon second fils, celui de Dandelot ; et Charles, le troisième, celui de La Brétèche.

» Je prie madame Dandelot, ma belle-sœur, de vouloir bien garder près d’elle mes deux filles tant qu’elle demeurera en veuvage ; si elle se remarie, je prie madame de La Rochefoucauld, ma nièce, de se charger d’elles.

» Ayant appris que l’on a brûlé le collège fondé par moi à Châ-