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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/136

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testament, où se révèle tout entière la belle âme de M. de Coligny.) — Me voici en règle avec moi-même, — reprend l’amiral ; — parlons de nos dispositions militaires de la journée.

— Ah ! quelle guerre !… — s’écrie Lanoüe. — Non, ce n’est plus la guerre ; c’est le guet-apens, c’est l’assassinat ! Et le guet-apens honoré ! l’assassinat dignifié !… Je reçois une lettre de Paris ; l’on me donne copie d’une missive du duc d’Anjou à son frère au sujet de Maurevert.

— Le lâche assassin de Mouy ?

— Oui, ce lâche assassin, ce Maurevert, venu à notre camp en ami, et qui, profitant de la nuit et du sommeil du brave de Mouy, l’a tué à coups de couteau et s’est enfui après le meurtre !… Écoutez, monsieur l’amiral, écoutez ! c’est le roi de France, Charles IX, aujourd’hui régnant, qui écrit à son frère :

« À mon frère le duc d’Alençon,

» Mon frère, pour le signalé service que m’a fait Charles de Louvier, sieur de Maurevert, présent porteur, étant celui qui a tué Mouy de la façon qu’il vous dira, je vous prie, mon frère, de lui bailler de ma part le collier de mon ordre, ayant été choisi et élu par les frères dudit ordre, pour y être associé et de plus faire en sorte qu’il soit (ledit Maurevert) gratifié par les manants et habitants de ma bonne ville de Paris, de quelque honnête présent, selon ses mérites, priant Dieu, mon frère, qu’il vous tienne en sa sainte et digne garde.

» Écrit au Plessis-les-Tours, le 1er jour de juin 1569.

» Votre bon frère,

» Charles[1] »...............................

  1. Journal-Registre de l’Étoile, p. 217. Cette lettre horrible a été déposée en original parmi les manuscrits de la Bibliothèque nationale, par décret de la Convention, le 14 ventôse an II de la République. Nos immortels conventionnels voulaient ainsi une fois de plus clouer la royauté au pilori.