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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/162

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tant de confiance que de vénération. Antonicq transmit les ordres de M. de Coligny au colonel de Plouernel, celui-ci dit aux capitaines dont il était entouré :

— Monsieur l’amiral nous fait l’honneur, messieurs, de nous confier la première attaque ; nous serons dignes de cet honneur… Il s’agit de surprendre l’armée royale. Le jour va bientôt paraître ; mais le revers de cette colline, au pied de laquelle se prolonge la route que nous allons suivre, cachera notre marche aux vedettes de l’ennemi ; nous pourrons ainsi arriver sans être aperçus jusqu’aux abords de l’étang. Dans la prévision de l’attaque dont nous sommes chargés, j’ai, tout à l’heure, envoyé le franc-taupin et quelques-uns de ses hommes déterminés sonder les passages guéables de la rivière et de l’étang. À vos rangs, messieurs ; que les tambours restent muets, et que nos hommes gardent le plus profond silence.

— Mon frère, — dit le pasteur Féron avec exaltation, — à quoi bon dissimuler aux Philistins notre venue ? Le Seigneur ne marche-t-il pas devant les enfants d’Israël ? Fions-nous à lui seul, et les tours orgueilleuses de Sion tomberont devant le souffle de l’Éternel… Allons à l’attaque, non pas comme de timides et rusés larrons, mais ouvertement, hardiment ! en vrais soldats de Dieu ! C’est à ciel ouvert que David attaqua et vainquit Goliath !

— Oui, oui, pas de détours ! — s’écrièrent plusieurs officiers, — marchons droit à l’ennemi ! en chantant les louanges du Seigneur… il est avec nous…

— Mes amis, — dit le colonel de Plouernel, — me croyez-vous moins brave que vous ?

— Non, non !

— Me croyez-vous, moins que vous, dévoué à la cause ?

— Non, non !

— Suivez donc mon conseil, agissons prudemment : l’armée royale est très supérieure en forces à la nôtre ; il nous faut suppléer au nombre par la tactique ; arrivons sans bruit près des avant-postes enne-