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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/192

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empoisonnement, augmenta les défiances du parti protestant, et surtout des réfugiés de La Rochelle, lorsqu’ils apprirent qu’à la suite de son attaque infructueuse sur Mons, François de Lanoüe était resté prisonnier sans que les Flandres se fussent soulevées. Ceci se passait à la fin du mois de juillet. Les Rochelois, de plus en plus inquiets du sort de l’amiral et des chefs des réformés, attirés presque tous à Paris par la célébration du mariage d’Henri de Béarn, députèrent à Coligny un envoyé, afin de s’enquérir des faits. L’avocat Louis Rennepont, mari de Thérèse, l’une des filles d’Odelin Lebrenn, se chargea de cette mission, il partit pour Paris dans les premiers jours d’août.


Vers la fin du mois d’août 1572, la famille Lebrenn était réunie, à la tombée du jour, dans la grande salle formant le magasin d’armurerie d’Antonicq Lebrenn ; il continuait à La Rochelle le métier de son père. Ce magasin ressemblait à un arsenal : l’on voyait, rangées sur des râteliers fixés aux murailles, une grande quantité d’armes de toute espèce : ici des épées, des dagues, des sabres, des coutelas, des piques, des hallebardes, des masses et des haches de combat ; ailleurs, des pistolets, des arquebuses longues et courtes, des pistolets et quelques armes à feu d’une nouvelle espèce, très-légères et très-maniables, nommées mousquets, dues à l’invention du célèbre Gaspard de Milan, petit-fils de l’armurier chez qui Odelin, encore adolescent, avait autrefois accompagné maître Raimbaud lors de son voyage d’Italie ; l’on voyait encore dans l’armurerie d’Odelin Lebrenn des casques, des morions, des salades, des cuirasses, des corselets, des brigandines, des brassards, des targes et boucliers, les uns en fer, les autres en bois recouvert de lames d’acier. L’atelier, ses forges, ses enclumes, étaient situés derrière le magasin où, vers la fin du jour, se trouvait rassemblée la famille Lebrenn, au nombre de six personnes : Marcienne, veuve d’Odelin ; Antonicq, son fils ; Thérèse, sa sœur, mariée depuis trois ans à Louis Rennepont, neveu de frère