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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/22

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affranchies, quasi-républicaines ; oui, ces vingt-six députés déclaraient, comme Étienne Marcel : « L’exercice du pouvoir royal subordonné au pouvoir de l’assemblée nationale ; ils affirmaient : — le droit absolu de l’État sur les biens de l’Église ; — le droit de vendre toutes les propriétés ecclésiastiques, sauf à indemniser les membres du clergé ; — le produit de ces ventes, évalué à cent vingt millions[1], serait affecté : — à l’extinction de la dette publique, — à solder une pension aux membres du clergé dépossédés, — à l’établissement d’universités enseignantes dans les provinces, — et à des placements à intérêt dans les villes et ports de mer, afin de donner un grand développement au commerce et à l’industrie ; — les offices de finances, de justice et de police, seraient réduits et remplacés par des commissions électives et triennales ; — la convocation des États généraux fixée à deux ans ; — enfin, les huguenots jouiraient du plein et libre exercice de leur religion[2]. »

Ces vœux, ces remontrances des Assemblées nationales n’étant pas appuyés par la force, seule capable de les imposer au pouvoir royal, la royauté (ainsi que le disait, fort du témoignage de l’histoire, mon grand-père Christian l’imprimeur), la royauté ne consentant jamais à renoncer volontairement, sincèrement à ses privilèges exorbitants, ces vœux, ces remontrances des vingt-six députés de la noblesse et des communes furent en partie accueillis avec dédain par la cour ; cependant, grâce à la fermeté de Michel de L’Hôpital et de Coligny, quelques-unes des réformes réclamées furent accordées : pour la première fois, l’exercice de la religion réformée fut légalement toléré en vertu d’un édit ; mais les parlements, non moins menacés dans leurs privilèges que la royauté par les vœux de l’Assemblée nationale, se refusèrent audacieusement d’enregistrer plusieurs arrêts du chancelier empreints de l’esprit émancipateur des communes ou en éludèrent

  1. Plus de 600 millions de nos jours.
  2. Cahiers du Tiers-État de Pontoise, Manus. Bibliot. Roy., n° 80027, f° 33. Ap. Aug. Thierry, XCXIX. — Introduction à l’Histoire du Tiers-État.