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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/24

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les réformés ne s’émurent pas ; alors les catholiques firent venir à Vassy l’évêque de Châlons accompagné d’un moine que l’on estimait fort suffisant théologien, lesquels ayant voulu, le 16 décembre, controverser avec le pasteur à l’heure du prêche, eurent tellement le dessous dans cette discussion, que plusieurs catholiques venus avec ce moine et l’évêque furent gagnés à l’Église évangélique. L’évêque, bien courroucé, de retour à Joinville, inventa de dire qu’on l’avait outragé, demanda vengeance des reformés de Vassy ; et madame Antoinette de Bourbon, mère du duc de Guise et capitale ennemie de la réforme, voulut intimider les gens de Vassy en les menaçant des vengeances de son fils, qui devait bientôt arriver de Lorraine. Ces menaces ne furent pas vaines : de retour d’Allemagne au mois de mars 1562, M. le duc de Guise, accompagné de madame la duchesse de Guise, sa femme, du cardinal de Lorraine, son frère, et suivi d’environ deux cents hommes armés d’arquebuses, de pistolets et de coutelas, ayant couché à Dampmartin-le-franc, alla droit à Vassy, le 1er mars, où sa compagnie d’hommes d’armes l’attendait depuis huit jours ; arrivé devant la halle de Vassy, le duc de Guise descendit de cheval, entra dans le couvent, où il conféra avec le prieur et un autre moine nommé Claude-le-Saint. Pendant cet entretien, les réformés étaient assemblés, au nombre de mille à douze cents, dans une grange voisine du couvent, où hommes, femmes et enfants écoutaient paisiblement et sans armes la parole de Dieu. Le duc de Guise, à la tête de ses gens, les uns à pied, les autres à cheval, tira droit vers cette grange ; Labrosse, guidon de la compagnie d’hommes d’armes du duc, entra le premier dans le temple, accompagné de cinq ou six soldats ; les réformés voisins de la porte offrirent à Labrosse de s’asseoir parmi eux, le sermon étant déjà commencé ; mais soudain le guidon s’écria, en blasphémant horriblement, qu’il fallait tout tuer ! au même instant, les autres soldats restés en dehors, rencontrant à la porte de la grange un pauvre crieur de vin, lui demandèrent à