Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mis à sec par le détournement des eaux ; cette proposition, jadis écartée, le franc-taupin la renouvelait, y voyant la possibilité de délivrer Cornélie. Les royalistes avaient, il est vrai, muré l’aqueduc à six cents pas environ de la Font, afin de se couvrir de toute surprise de ce côté ; mais l’on pouvait s’ouvrir un passage à travers ce mur avec le pic et le levier, pénétrer ainsi nuitamment jusque dans l’intérieur de la maison du duc d’Anjou, et tenter d’enlever Cornélie. Une douzaine d’hommes déterminés, bien armés, sachant leur retraite à peu près assurée, pouvaient mener à bonne fin cet audacieux coup de main. »

L’avis du franc-taupin fut accepté ; seul, il offrait une chance de succès, si hasardeuse qu’elle fût. Le matin, à l’aube, Antonicq, malgré sa blessure, maître Barbot, le franc-taupin, l’apprenti Serpentin, le capitaine Mirant et six des plus intrépides matelots de son brigantin, descendirent dans l’aqueduc par l’issue qui aboutissait à l’intérieur de La Rochelle, et se dirigèrent ainsi souterrainement vers le quartier général des royalistes. La percée du mur très-épais et solidement maçonné qui obstruait l’aqueduc offrit de longues et pénibles difficultés ; l’on ne pouvait employer la mine, de crainte d’éveiller l’attention de l’ennemi, et le passage était si étroit, qu’un seul homme à la fois pouvait se livrer à ce travail de démolition. Enfin, le mur fut percé, les Rochelois pénétrèrent jusqu’au réduit de fra‑Hervé… Cornélie fut sauvée !


La sanglante défaite des royalistes, lors du dernier assaut livré par eux au bastion de l’Évangile, fut le présage de la levée du siége de la vaillante et indomptable cité ; après deux nouveaux combats acharnés, où ses troupes furent encore vaincues, le duc d’Anjou, récemment élu roi de Pologne, grâce à l’habile et ténébreuse diplomatie de Catherine de Médicis, envoya aux Rochelois plusieurs seigneurs chargés de propositions de paix. La majorité du conseil de ville ré-