Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/36

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par les saints Évangiles que cette fois la paix est à jamais assurée. Coligny hésite à déposer les armes sans obtenir de sérieuses garanties de l’exécution du traité ; mais les volontaires, moins à même que leurs chefs de connaître la perfidie de la cour, fatigués, appauvris par cette nouvelle guerre, aspirant à retourner dans leurs foyers, auprès de leurs familles, pressent l’amiral d’accepter les conditions de la reine ; il se résigne. Le nouvel édit de tolérance est rendu à Longjumeau le 23 mars 1568. Les huguenots lèvent le siège de Chartres, rendent Soissons, Auxerre, Blois, Orléans, La Charité-sur-Loire, et licencient leurs auxiliaires allemands. Coligny pressentait un nouveau piège caché sous cette paix trompeuse ; malheureusement, ses prévisions ne le trompaient pas. Philippe II et Pie V, indignés de ce qu’ils appelaient un nouveau pacte avec l’hérésie, adressent à Catherine de Médicis des reproches menaçants ; les partisans des Guises surexcitent le fanatisme catholique. La reine, jugeant de plus près et plus sûrement les choses que le pape et le roi d’Espagne, leur répond qu’il faut gagner du temps et attendre le désarmement complet des huguenots pour révoquer l’édit de Longjumeau. En attendant l’heure de violer de nouveau la foi jurée, Catherine de Médicis renforce ses troupes suisses au lieu de les licencier, ainsi qu’avaient fait les réformés de leurs auxiliaires allemands ; elle conserve près d’elle les compagnies italiennes envoyées par le pape ; elle met des garnisons dans toutes les places protestantes et commence par défendre dans les villes du domaine royal l’exercice du culte réformé. Le clergé pousse de nouveau les populations catholiques à de sanguinaires violences contre les protestants ; plus de cent d’entre eux sont égorgés à Amiens ; de pareils carnages ont lieu à Rouen, à Bourges, à Issoudun, à Troyes, à Saint-Léonard, à Blois et à Orléans. Les réformés, effrayés, s’enferment dans les villes dont ils sont maîtres ; Montauban, Sancerre, Castres, Cahors, Milhaud, Vezelay, refusent de recevoir les soldats et les gouverneurs envoyés par le roi ; La Rochelle augmente ses fortifications, s’approvisionne de munitions, devient dans l’Ouest la place d’armes