Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendre à ce noble royaume son antique religion ; que ces hommes très-scélérats soient livrés à de justes supplices.

» Recevez, madame et chère fille, notre bénédiction apostolique.

» Pie[1]. »...............................


Catherine de Médicis lit, impassible, la cédule apostolique, la place ensuite près d’elle sur une table, réfléchit pendant quelques moments et reprend :

— Ainsi, mon révérend, à Rome, à Madrid, l’on m’accuse de tolérance envers les huguenots ? on m’impute les lenteurs de la guerre ? on y voit un calcul politique de ma part ? d’où il suit que, si je continue de malcontenter Rome et Madrid, on avisera ?

— On a, madame, certains cas échéants… avisé…

— À quoi, mon révérend ?…

— Le saint-père, vicaire de Dieu sur la terre, peut… vous ne l’ignorez pas, madame… délier les sujets de leur obéissance envers le souverain, s’il tombe dans l’hérésie, pactise avec elle ou la tolère.

— Concluez, mon révérend.

— Voici : La bulle confirmatrice de S. S. Paul IV est formelle : le pape de Rome, en vertu de son droit divin, excommunie, interdit, dépose les rois coupables de lèse-majesté divine, ou favorables à ce crime irrémissible ; après quoi leur trône, déclaré vacant, est dévolu au premier occupant… bon catholique.

— C’est une menace… à mon fils Charles IX et à moi ?

— Un paternel avertissement, madame.

— Ensuite ? 


— Sa Sainteté Pie V et S. M. le roi d’Espagne vous avertissent donc, madame, très-paternellement, très-charitablement, très-chrétiennement, que…

— Assez d’adverbes, mon révérend.

— J’ajouterai donc ceci, madame, sans aucun adverbe : Il faut

  1. Lettres de Pie V, 25 mars-13 avril 1569, à Catena. Vie de Pie V, p. 85.