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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/93

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— Formellement, mon révérend… J’apprécie l’importance extrême de votre demande, et je vous l’accorde comme un gage de plus de mes intentions à l’endroit de l’hérésie.

— Ce gage, madame, est des plus rassurants ; je le reçois avec la confiance qu’il mérite.

— Bonsoir, mon révérend, allez vous reposer ; je vous verrai demain avant votre départ, et je vous remettrai une lettre pour le saint-père.

— Madame, n’oubliez point le prince de Gerolstein…

— Je vais sur l’heure m’occuper de lui, — répond la reine en frappant deux coups sur un timbre placé près d’elle. — Mon révérend, — ajoute-t-elle, — vous partagerez la chambre de M. Neroweg de Plouernel ; vous lui communiquerez vos intentions au sujet de l’homme dont vous m’avez parlé.

Le page entre ; la reine lui dit : — Conduis le révérend père chez M. Neroweg de Plouernel. — Puis elle frappe de nouveau, non plus deux coups, mais trois coups sur le timbre. Le jésuite, après s’être incliné devant Catherine de Médicis, sort sur les pas du page ; presque aussitôt Anna-Bell entre dans la salle par la porte s’ouvrant sur le couloir où la reine a cru entendre quelque bruit pendant son entretien avec le père Lefèvre.


Catherine de Médicis, frappée de la pâleur et de l’expression inquiète, presque effarée des traits de sa fille d’honneur, lorsque celle-ci paraît à l’appel du timbre, dit à Anna-Bell, en attachant sur elle son regard noir et pénétrant : — Tu es bien pâle, mignonne ? tes mains tremblent ? tu peux à peine contenir ton émotion ?…

— Que Votre Majesté daigne m’excuser…

— Je t’excuse… Mais d’où vient que tu es si émue ?

— Madame, la frayeur…

— La frayeur de quoi, mignonne ?