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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/12

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au regard du salut de la France. Comme le duc entrait dans le cabinet du roi, l’un des quarante-cinq, Monséri, lui saisit le bras droit (au duc) et lui porta un coup de poignard dans la poitrine ; Sainte-Maline, autre garde, frappa en même temps le duc par derrière, et trois ou quatre autres lui sautèrent au corps, s’accrochèrent à ses jambes et l’empêchèrent de lever son épée. Il était si grand et si puissant, que, criblé de coups, étouffé par le sang de ses blessures, il entraîna ceux qui le tenaient d’un bout du cabinet à l’autre, et se débarrassant de leurs mains par un suprême effort, il s’avança vers Loignac, le chef des meurtriers, les poings fermés ; Loignac le repoussa d’un coup de fourreau d’épée, et le duc alla tomber mort au pied du lit du roi, qui, sortant de son réduit, Loignac lui ayant crié que c’était fait, contempla le cadavre, disant : — Nous ne sommes plus deux… Je suis roi maintenant ! — Et le regardant encore : — Mon Dieu ! comme il est grand ! Il paraît encore plus grand mort que vivant ! — Et le roi donna un coup de pied dans le visage du mort, ainsi que le défunt Balafré avait jadis donné un coup de pied dans le visage du cadavre de M. de Coligny. — Le cardinal de Guise, assis au conseil avec l’archevêque de Lyon, entendant le bruit et la voix du duc criant : Merci à Dieu ! entre les coups de dague et d’épée, voulut se lever en disant : — Voilà qu’on tue mon frère ! — Mais les maréchaux d’Aumont et de Retz, mettant l’épée à la main, empêchèrent le cardinal et l’archevêque de sortir, leur disant : — Vous êtes morts si vous bougez ! — Ils furent tous deux conduits prisonniers en un galetas ; et le lendemain, le cardinal fut aussi égorgé à coups de dague, par ordre du roi. Le soir, les corps des deux Guise furent dépecés, par ordre de S. M., dans une salle basse du château, puis brûlés et mis en cendres, de peur que le peuple de Paris n’en fît des reliques. Le roi, le meurtre du Balafré accompli, se rendit chez la reine sa mère, afin de l’instruire du fait, car elle l’ignorait. — Madame, — lui dit-il en entrant, — je me suis rendu roi