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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/257

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sailles et le lent exhaussement du sol, avait été récemment dégagée, élargie, quoique restant à peu près masquée par un rideau de lierres et de vignes folles, retombant d’une sorte de plate-forme naturelle, formée par une saillie rocailleuse où ces plantes parasites avaient pu s’enraciner moyennant une couche de détritus de végétaux amoncelés par le temps. Grâce aux révélations de la légende de sa famille, Salaün Lebrenn, de qui l’un des aïeux, Den-Brao-le-Maçon, serf du sire de Plouernel au onzième siècle, avait travaillé au percement de ce souterrain ; Salaün Lebrenn en connaissait l’existence, et s’étant mis ainsi que son fils fréquemment en rapport avec quelques vassaux métayers du comte, hommes résolus et chefs de la révolte projetée, il leur indiqua les ruines solitaires du donjon, communiquant avec le plat pays par une issue secrète, comme un lieu parfaitement approprié au dépôt caché des armes et des munitions de guerre annoncées par Serdan, débarquées de nuit sur la côte de Bretagne par un navire hollandais, et peu à peu introduites, pour ainsi dire de main en main, par les paysans, dans l’intérieur du pays. Le conseil de Salaün fut suivi, et la nuit précédente le dernier convoi d’armes avait été nuitamment déposé dans le souterrain. Son ouverture, à demi masquée par des plantes parasites, débouchait à vingt pas environ d’une futaie qui entourait une petite clairière tapissée de gazon ; en son milieu s’élevait un chêne énorme, si vieux, si vieux… que, couronné par les ans, ainsi que disent les forestiers, sa sève s’était tarie, et aucune feuillée ne verdissait son immense ramure. Une source d’eau vive formait un réservoir naturel à l’extrémité de cette clairière. Un étroit sentier, pratiqué à travers les taillis et la futaie, par le passage des cerfs et des daims, qui venaient durant la nuit s’abreuver à la source d’eau vive, aboutissait au chemin qui, faisant face à l’une des portes du parc du château, rejoignait au loin la grande route de Rennes.

À l’heure où la famille de mademoiselle de Plouernel la cherchait dans l’intérieur du parc, Nominoë Lebrenn, debout, adossé au chêne