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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/32

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effet, quoique mariée à un autre ; et comme il a plu à Dieu de faire naître un fils de ce double adultère, le bon sire légitime ce bâtard, révoquant, au nom de son autorité royale, toute loi qui s’oppose à cette légitimation. Ce fut ainsi que cinq autres bâtards, qu’il plut à Dieu de donner successivement à Henri IV, furent légitimés, en janvier 1595, — mars 1507, — janvier 1603, — mars 1608 et novembre 1609. — Nombrer exactement le nombre des maîtresses de ce vert galant serait impossible ; il faut se borner à énumérer celles que le cri public a signalées. Elles sont au nombre de trente-quatre. — Dame Marline, — la Grecque Dayelle, — Charlotte de Beaune de Samblançay, — la demoiselle du Rouet, — Tignonville, — la Montaigu, — l’Arnaudine (prostituée du plus bas lieu), — Catherine de Luc, — Fleurette (fille du jardinier du château de Nérac : abandonnée du Béarnais, elle se tua de désespoir), — Françoise de Montmorency, — la Boinville, — la Leclain, — madame de Noirmoutiers, — Diane de Corisandre, — madame de La Roche-Guyon, — Claudine de Beauvilliers (abbesse de Montmartre), — Catherine de Verdun (religieuse à Longchamps), — Gabrielle d’Estrées, — mademoiselle d’Entragues, — la Quélen, — la comtesse de Limaux, — la comtesse de Sourdis, — la marquise de Verneuil, — mademoiselle de Gaise, — madame de Villars, — la comtesse de Moret, — mademoiselle des Essarts, — la Foulebon, — enfin, la princesse de Condé. — Et vous verrez tout à l’heure, fils de Joel, quelles incroyables conséquences ce dernier amour du Béarnais faillit avoir pour la paix de l’Europe.

Henri IV, si longtemps rebelle à la double autorité royale et pontificale, pratiqua, dès qu’à son tour il fut roi, les principes du pouvoir absolu. Voyant dans les Assemblées nationales un pouvoir rival de son autorité, il ne convoqua jamais les États généraux, dont il avait tant de fois réclamé la réunion, alors qu’il s’insurgeait en armes contre Henri III. Cependant, afin de donner l’apparence d’une sanction légale à la levée des impôts, il choisit parmi les trois ordres