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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/5

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l’épée. Le Balafré s’empare de Châlons, et le duc de Mayenne, de Dijon. La noblesse ligueuse de Picardie, conduite par le duc d’Aumale, se rend auprès du vieux cardinal de Bourbon, le conduit à Péronne, centre de la Ligue, et le 31 mars 1585, elle lance son manifeste, déclarant Charles de Bourbon, premier prince du sang et cardinal, appelé à régner dans le cas où Henri III mourrait ou serait déchu du trône. Le Béarnais lance, de son côté, un manifeste où il proteste contre l’exclusion dont il est frappé, maintient le principe de la liberté religieuse, et, de concert avec le prince de Condé, propose au roi de lui remettre toutes les places de sûreté alors au pouvoir des huguenots, à la condition que les ligueurs désarmeront également. Henri III, ainsi placé entre les deux partis, est forcé de se déclarer ouvertement contre les huguenots ou contre les ligueurs ; ceux-ci lui paraissant plus redoutables, car le duc de Guise avait poussé son quartier général jusqu’à Nemours, le roi se rend, le 18 juillet 1585, au parlement de Paris, afin d’y faire enregistrer, en sa présence, la révocation des édits de tolérance accordés jusqu’alors aux protestants. Cette tardive concession de Henri III ne désarme pas les ligueurs ; ils continuent la guerre contre leurs adversaires, guerre acharnée, mêlée de succès et de revers pour les deux partis. Les chefs de la Ligue à Paris forment un comité directeur composé de seize membres, d’où leur resta le nom des Seize. Henri III, quoiqu’il se soit mis à la tête de ses troupes pour combattre Henri de Navarre et Condé, est sommé par les Seize, sous menace de déchéance, « de faire publiquement soumission et adhésion à la Ligue ; — de promulguer les actes du concile de Trente ; — et d’établir le tribunal de l’Inquisition à Paris et dans les principales villes de France. » — Le duc de Guise, afin d’appuyer par sa présence les injonctions de la Ligue, se rend à Paris, malgré la défense du roi, qu’il espère ainsi contraindre à quelque extrémité dont il saura, lui, Guise, profiter ; le 9 mai 1588, il entre dans la capitale, escorté d’une foule de gentilshommes et d’une nombreuse troupe armée. Il