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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/157

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plique du moins le pourquoi de leur pendaison… La bête de somme est toujours par nature portée à se rebeller contre son joug ! 


le vicomte de mirabeau. — Tu parles d’or, cher duc, mais rien de plus révoltant de voir de prétendus révolutionnaires… comme ce d’Orléans… comme ce Talleyrand… comme ce Lafayette… ou comme ce malheureux qui est le chef de ma maison, qu’il déshonore… un misérable qui n’a pas même l’excuse d’une ferme conviction… Non, je connais sa rouerie, son cynisme. S’il se pose en ennemi de la cour et du roi, s’il se fait craindre… c’est pour se faire acheter un jour par la monarchie aux abois, et dissiper dans l’orgie le prix de sa double trahison !

le comte de plouernel. — Aussi point de pitié pour ces doubles traîtres.

un vicomte. — Il ne faut avoir de pitié pour personne…

le cardinal. — Pour personne !… et, au jour du châtiment, ces félons doivent être pendus haut et court… côte à côte des bourgeois et des manants, au nom de ce beau principe d’égalité qu’ils invoquent !

un marquis, riant. — Hi, hi, hi ! ils seront tous pendus également… hi, hi, hi !

victoria. — En vérité, messieurs, ma surprise est grande en vous écoutant… Par le sang du Christ ! n’est-il donc pas en notre malheureux pays de France un révolutionnaire cent fois plus damnable, parce qu’il est plus éminemment placé, que les gentilshommes, que les évêques, et même que les princes du sang qui se couvrent d’opprobre en pactisant avec la révolution ?

le comte de plouernel, très-surpris ainsi que tous les convives. — De grâce, marquise, quel est donc ce révolutionnaire… plus haut placé, selon vous… que les gentilshommes, les évêques et même… qu’un prince du sang ?

victoria. — Quoi… vous me demandez son nom ?