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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/241

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— Hélas… ton père et ta sœur… n’ont-ils pas disparu… Veux-tu donc que j’espère les revoir un jour ?

— Pourquoi non ?…

— Ah ! Jean… s’ils vivaient, ton père et ta sœur nous aimaient trop pour ne nous avoir pas du moins rassuré sur leur sort si pénible qu’il fût !

— Certes… si la chose eût été faisable ? Mais ne devons-nous pas supposer que mon père, jeté dans quelque prison d’État, ensuite de l’écrit publié par lui… a été privé de toute communication avec le dehors ?

— Ah ! mon enfant ! cette prison aura été la tombe de ton pauvre père ! lui d’une santé déjà si chétive… lui, toujours si maladif malgré les soins dont je l’entourais ! ! Comment croire que, sans parler même de son cruel chagrin d’être séparé de nous, il ait pu survivre aux rigueurs de sa captivité ?

— Qui sait… bonne mère… la pensée de nous revoir un jour… l’aura peut-être soutenu !…

— Jean… je t’en supplie… n’essaye plus de me donner ainsi de vaines espérances !… Elles seraient déçues, ma douleur se raviverait… et je suis si affaiblie que je ne pourrais supporter peut-être ce surcroît de peines… Quant à ta sœur… la rupture de son mariage avec le sergent Maurice, après la funeste révélation que tu sais… avait rendu cette malheureuse enfant presque folle de douleur… et depuis ce jour, elle n’a pas reparu chez nous… Qu’est-elle devenue ?… Hélas ! je te l’ai dit bien souvent… et tu as partagé ma crainte… le désespoir l’aura poussée au suicide ! ! !

— Rien du moins ne nous a prouvé jusqu’ici que ce malheur, possible, je l’avoue, soit arrivé !

— Si elle n’est pas morte… quel aura été son sort ?… Ah ! mon fils… si ta sœur n’avait pas eu à rougir de ses actions, elle serait revenue à nous… Elle savait notre tendre pitié pour cet affreux passé dont elle n’était pas coupable… mais victime ! elle nous eût