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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/321

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« — Abolition de la qualité de serf et de la main-morte, sous quelque dénomination qu’elle puisse être ; — faculté de rembourser les droits seigneuriaux ; — abolition des juridictions seigneuriales ; — suppression du droit exclusif de la chasse, des colombiers et des garennes ; — taxes en argent représentatives de la dîme en nature ; — rachat possible de toutes les dîmes de quelque nature que ce soit ; — abolition de tous les privilèges et immunités pécuniaires ; — égalité des impôts de quelque espèce qu’ils soient, à compter du commencement de l’année 1789 (suivant le règlement ultérieur des assemblées provinciales) ; — admission de tous les citoyens aux emplois publics et militaires ; — déclaration de l’établissement prochain d’une justice gratuite et de la suppression de la vénalité des offices ; — abandon des privilèges particuliers des villes et des provinces ; — suppression de la pluralité des bénéfices ecclésiastiques ; — destruction des pensions obtenues sans titres ; — réformation des jurandes. »

Ainsi, fils de Joël, devant l’attitude menaçante de la nation soulevée en masse et jusqu’en ses dernières profondeurs, s’écroule en une seule nuit le vieil édifice féodal, cimenté des larmes et du sang de nos pères pendant tant de siècles ! Quelques jours encore… et elle va être sapée dans ses fondements pour s’écrouler bientôt, cette antique et exécrable monarchie franque, imposée à la Gaule par la sanglante domination de Clovis, ce bandit sacré par l’Église de Rome ! Oui, elle va s’écrouler, cette monarchie… car avant la fin du mois de juillet 1789… irrésistible puissance du mouvement ascensionnel de la révolution vers la liberté, dont la république est la formule sacrée… cette assemblée nationale, où se comptent en si grand nombre des nobles et des prêtres invinciblement attachés à la monarchie et à l’Église, par conviction, par orgueil, ou par tradition de caste, et surtout par le bénéfice des privilèges exorbitants dont ils jouissent… Cette assemblée, en majorité composée de membres du tiers état, dont le plus grand nombre voulaient aussi con-