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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/78

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l’État de France sous Charles IX (sans parler des maximes républicaines du livre sublime de La Boétie) :

« Les représentants de la nation sont auteurs des princes ; les ayant faits, ils peuvent les défaire. »

Enfin, songez quelle terrible prophétie renfermait ce passage rapporté dans la légende de notre aïeul Christian l’Imprimeur, et emprunté à la Gaule franque, l’un des livres de François Hotman :

« — Il est deux cas de tyrannie : le premier, d’un usurpateur dont rien n’a sanctionné l’avènement, alors chacun a sur lui le droit de mort, parce qu’il n’y a pas eu de contrat ; dans le second cas, c’est un monarque légalement élu et reconnu qui tombe dans la tyrannie, alors il ne peut être frappé que par le glaive des États généraux.[1] »

Ainsi ce principe d’une inflexible équité : — « Que les rois coupables et convaincus de trahison ne pouvaient être frappés que par le glaive des États généraux, » était formulé dès 1573 ; plus de deux siècles avant que fût prononcé contre Louis Capet l’arrêt solennel exécuté le 21 janvier 1793, coup suprême et mortel porté à cette royauté d’origine étrangère à la Gaule, et à elle imposée par la domination franque !

Peut-être enfin, fils de Joël, verrons-nous bientôt le jour où la République reprendra l’antique et glorieux nom de Gaule, personnification de notre race et de notre origine nationale, dont la conquête nous a dépouillés depuis tant de siècles. La motion suivante a été envoyée dernièrement au directoire du département de la Seine, par le citoyen Ducalle. Rien de plus logique que cette patriotique revendication.

« Citoyens administrateurs,

» Jusques à quand souffrirez-vous que nous portions encore le nom de Français ? Tout ce que la démence a de faiblesse, tout ce

  1. Voir De la Démocratie chez les prédicateurs de la Ligue, par Charles Labitte, Paris, 1851, pages 112-162.